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Pour une intervention militaire européenne contre l’Etat islamique

Henosophia TOPOSOPHIA μαθεσις uni√ersalis τοποσοφια MATHESIS οντοποσοφια ενοσοφια

« L’Europe est le continent de l’homme blanc »

disait Jules Romains au chapitre « Présentation de l’Europe en 1933 » qui termine son immense roman « Les hommes de bonne volonté ».

Jules Romains était « de gauche » et ne défendait certainement pas des positions pouvant être assimilées à un « racisme biologique », il se bornait à un constat historique qui, compte tenu des vagues migratoires, est et sera de moins en moins vrai. Mais est ce vraiment la couleur de la peau, ou autres paramètres physiques, qui permettent d’expliquer « l’esprit européen » et sa spécificité ?

L’humanité européenne est celle qui il y a un peu plus de quatre siècles s’est lancée dans l’entreprise scientifique non pas pour accroître sa puissance économique ou militaire, sa richesse ou son confort de vie par des objets standardisés issus de l’industrie puisque les industries, et le « progrès technique » à croissance forte voire exponentielle qu’elles ont permis ne sont venus que…

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#BrunschvicgRaisonReligion troisième opposition fondamentale : vie religieuse…oui mais laquelle ?

Henosophia TOPOSOPHIA μαθεσις uni√ersalis τοποσοφια MATHESIS οντοποσοφια ενοσοφια

Faisant suite à:

https://meditationesdeprimaphilosophia.wordpress.com/2015/08/14/brunschvicgraisonreligion-troisieme-opposition-fondamentale-dieu-humain-ou-dieu-divin/

Quatre décennies séparent « Raison et religion » (1939)d’Introduction à la vie de l’Esprit (1900) : entre temps l’Europe, ou plutôt la civilisation européenne a entamé en 1914 son suicide (qui était décidé depuis longtemps, comme nous l’avons vu:

https://meditationesdeprimaphilosophia.wordpress.com/2015/08/17/la-vraie-raison-du-suicide-de-leurope/

et qui est en train de se terminer maintenant sous nos yeux effarés.

La question, le problème religieux, explicité ici au dernier chapitre « La vie religieuse » de l’Introduction à la vie de l’esprit:

https://meditationesdeprimaphilosophia.wordpress.com/2015/09/01/brunschvicgintroduction-cest-vers-lesprit-quil-faut-se-tourner-pour-resoudre-le-probleme-religieux/

est le thème des deux ouvrages à quarante ans de distance, et singulièrement du dernier chapitre d’Introduction à la vie de l’esprit comme du chapitre 3 de « Raison et religion », portant sur la troisième opposition fondamentale : Dieu humain ou Dieu divin?
La première opposition fondamentale étant celle entre Moi (ou plan) vital et Moi spirituel, et la seconde entre monde véritable (mis en équations par la science) ou monde imaginaire (mis en vente…

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#BrunschvicgRaisonReligion le prologue du Traité de la réforme de l’entendement de Spinoza

La première des trois oppositions fondamentales, entre Moi vital et Moi spirituel, qui est le thème du chapitre 1 de « Raison et religion » de Léon Brunschvicg:

https://meditationesdeprimaphilosophia.wordpress.com/2015/05/19/brunschvicgraisonreligion-les-oppositions-fondamentales-moi-vital-ou-moi-spirituel/

est clairement visible dans le début du Traité de la réforme de l’entendement de Spinoza qui est sur Wikisource:

https://fr.m.wikisource.org/wiki/Traité_de_la_réforme_de_l’entendement

mais la lecture sur ce site est préférable car le plan du livre est mieux mis en évidence et le texte français est accompagné du latin:

http://hyperspinoza.caute.lautre.net/spip.php?rubrique316

« (1) 1. L’expérience m’ayant appris à reconnaître que tous les événements ordinaires de la vie commune sont choses vaines et futiles, et que tous les objets de nos craintes n’ont rien en soi de bon ni de mauvais et ne prennent ce caractère qu’autant que l’âme en est touchée, j’ai pris enfin la résolution de rechercher s’il existe un bien véritable et capable de se communiquer aux hommes, un bien qui puisse remplir seul l’âme tout entière, après qu’elle a rejeté tous les autres biens, en un mot, un bien qui donne à l’âme, quand elle le trouve et le possède, l’éternel et suprême bonheur. »

Comment ne pas reconnaître dans « les événements ordinaires de la vie commune, qui sont choses vaines et futiles » ce que nous appelons ici le plan vital ou ordre de la chair, et dont l’Ecclésiaste-Qohelet affirme que c’est là « vanité des vanités » et « poursuite du vent »

http://www.info-bible.org/lsg/21.Ecclesiaste.html

Beaucoup de lecteurs ont noté le caractère tragique et inhabituel de ce début, où Spinoza décrit son itinéraire, un peu comme Descartes dans le Discours de la méthode. Il se place dans la situation du membre de l’humanité commune qui débute et ne sait pas encore s’il existe un « bien véritable et capable de se communiquer aux hommes, un bien qui puisse remplir seul l’âme tout entière, après qu’elle a rejeté tous les autres biens, en un mot, un bien qui donne à l’âme, quand elle le trouve et le possède, l’éternel et suprême bonheur. »: ce bien véritable sera évidemment ce que nous appelons ici « plan spirituel ».

Est ce un hasard si nous retrouvons ainsi l’itinéraire de la conscience de l’individu Spinoza au 17 eme siècle dans les textes divers de l’œuvre de Brunschvicg au vingtième siècle, notamment celui ci qui est sans doute le plus beau et le plus clair, et où Brunschvicg cite d’ailleurs le titre de l’ouvrage, « De intellectus emendatione »?

https://leonbrunschvicg.wordpress.com/quelques-citations-eparses-de-brunschvicg-particulierement-eclairantes-voire-illuminatrices/

« « le propre de l’esprit est de s’apparaitre à lui même dans la certitude d’une lumière croissante, tandis que la vie est essentiellement menace et ambiguïté. Ce qui la définit c’est la succession fatale de la génération et de la corruption. Voilà pourquoi les religions, établies sur le plan vital, ont beau condamner le manichéisme, il demeure à la base de leur représentation dogmatique… ce qui est constitutif de l’esprit est l’unité d’un progrès par l’accumulation unilinéaire de vérités toujours positives. L’alternative insoluble de l’optimisme et du pessimisme ne concernera jamais que le centre vital d’intérêt; nous pouvons être et à bon droit inquiets en ce qui nous concerne de notre rapport à l’esprit, mais non inquiets de l’esprit lui même que ne sauraient affecter les défaillances et les échecs, les repentirs et les régressions d’un individu, ou d’une race, ou d’une planète. Le problème est dans le passage , non d’aujourd’hui à demain, mais du présent temporel au présent éternel. Une philosophie de la conscience pure, telle que le traité de Spinoza « De intellectus emendatione » , en a dégagé la méthode, n’a rien à espérer de la vie, à craindre de la mort. L’angoisse de disparaitre un jour, qui domine une métaphysique de la vie, est sur un plan; la certitude d’évidence qu’apporte avec elle l’intelligence de l’idée, est sur un autre plan«  »

C’est sans doute le texte (tiré d’ailleurs de « Raison et religion ») où Brunschvicg oppose le plus nettement le plan vital (ce nom n’est donc pas notre invention) où sont établies les « religions » et auquel correspondent les métaphysiques de la vie, et la « philosophie de la conscience pure » qui est la sienne et celle de Spinoza avant lui, mais est aussi celle de Platon : l’idéalisme mathématisant, critique et spiritualiste, c’est à dire répondant positivement à la question angoissée que se pose le débutant Spinoza : existe t’il un bien véritable qui nous permette de ne pas désespérer une fois que nous avons compris comme l’Ecclesiaste la vanité et la futilité des occurrences de la vie commune, gouvernée par la passion de l’argent, de la volupté et de la « réputation », c’est à dire « la puissance et la gloire »?

Et qui répond positivement avec « la certitude d’évidence qu’apporte avec elle l’intelligence de l’idée »…
Car il serait vain, d’une vanité encore bien pire que la « vanité des vanités » du plan vital de répondre à l’homme qui se meurt littéralement de désespoir dont Spinoza décrit l’état d’esprit :

« Oui, il existe un bien véritable, et si tu suis mes leçons et. Deviens membre de mon mouvement spirituel tu le trouveras à coup sûr, un jour ou l’autre »
Soyons honnêtes : n’est ce pas la réponse donnée par Rudolf Steiner à ses « disciples » après 1900, une fois qu’il a rompu avec la « Philosophie de la liberté » de 1894, c’est à dire une fois qu’il a rompu avec la…liberté, en s’embrigadant dans la secte théosophique de H P Blavatsky et Annie Besant, prison qu’il quittera quelques années plus tard pour fonder sa propre prison l’anthroposophie, dont il deviendra le Directeur…emprisonné lui même ?

Ce que fait la philosophie véritable, celle de Spinoza et Brunschvicg, est tout autre : elle apporte la méthode permettant immédiatement au désespéré (que nous sommes tous) de scier immédiatement les barreaux de la prison et d’être libre, pas demain mais tout de suite s’il le veut..
Cette méthode, cette unique méthode de la philosophie brunschvicgienne, c’est la réflexion qui apporte avec elle sa lumière qui est l’intelligence de l’idée.

Il existe un autre ouvrage de jeunesse de Brunschvicg, datant de 1900, sur lequel j’avais écrit cet article:

https://meditationesdeprimaphilosophia.wordpress.com/2012/04/20/la-seule-vraie-religion/

« 

Introduction à la vie de l’esprit

 »

et ces quelques lignes rejoignent la pensée de Spinoza lorsqu’il caractérise ainsi le « Bien véritable »:

« Ici je veux seulement dire en peu de mots ce que j’entends par le vrai bien, et quel est le souverain bien. Or, pour s’en former une juste idée, il faut remarquer que le bien et le mal ne se disent que d’une façon relative, en sorte qu’un seul et même objet peut être appelé bon ou mauvais, selon qu’on le considère sous tel ou tel rapport ; et de même pour la perfection et l’imperfection. Nulle chose, considérée en elle-même, ne peut être dite parfaite ou imparfaite, et c’est ce que nous comprendrons surtout quand nous saurons que tout ce qui arrive, arrive selon l’ordre éternel et les lois fixes de la nature.

13. Mais l’humaine faiblesse ne saurait atteindre par la pensée à cet ordre éternel ; l’homme conçoit une nature humaine de beaucoup supérieure à la sienne, où rien, à ce qu’il lui semble, ne l’empêche de s’élever ; il recherche tous les moyens qui peuvent le conduire à cette perfection nouvelle ; tout ce qui lui semble un moyen d’y parvenir, il l’appelle le vrai bien ;

et ce qui serait le souverain bien, ce serait d’entrer en possession, avec d’autres êtres, s’il était possible, de cette nature supérieure. Or, quelle est cette nature ? nous montrerons, quand il en sera temps[3] que ce qui la constitue, c’est la connaissance de l’union de l’âme humaine avec la nature tout entière.

 »

Cette « union de l’âme humaine avec la nature tout entière » n’évoque t’elle pas la « pensée ou méditation de l’Un » que nous nous fixons pour but ici?
Et n’est elle pas la même chose que Brunschvicg décrit en les termes suivants dans l’ouvrage de 1900 « Introduction à la vie de l’esprit »?

« 

« l’univers est bon, absolument bon, du moment que nous savons le comprendre; car nous sommes maîtres de n’y voir que ce qui s’unit à nous »…

….Rien ne peut interdire à l’intelligence de rencontrer dans le monde uniquement ce qui est fait pour elle, la loi d’où naît la vérité. Il n’y a pas d’évènement quelqu’inattendu qu’il soit , quelque contraire à nos tendances personnelles, qui ne serve à enrichir le domaine de notre connaissance.

Nous n’avons à redouter d’autre ennemi que l’erreur; et l’erreur, si nous savons l’avouer avec sincérité et nous en délivrer scrupuleusement, ne fait qu’augmenter le prix de la vérité définitvement possédée.

Rien ne peut empêcher la volonté de rencontrer dans le monde uniquement ce qu’elle cherche, l’occasion de se dévouer à l’intérêt supérieur de l’humanité; elle n’a rien à craindre, hors ses propres défaillances……

….. Une fois que nous avons rempli l’univers de notre esprit « il est incapable de nous rien renvoyer si ce n’est la joie et le progrès de l’esprit.

Et dés lors, ce que nous avons dit de l’univers, il faut le dire aussi de la vie.

La vie est bonne absolument bonne, du moment que nous avons su l’élever au dessus de toute atteinte, au dessus de la fragilité, au dessus de la mort.

La vraie religion est le renoncement à la mort;

elle fait que rien ne passe et rien ne meurt pour nous, pas même ceux que nous aimons; car de toute chose, de tout être qui apparaît et qui semble disparaître, elle dégage l’idéal d’unité et de perfection spirituelle, et pour toujours elle lui donne un asile dans notre âme

 »

GOD BLESS AMERICA 1: introduction philosophico-cinématographico-religieuse

GOD BLESS AMERICA 1: introduction philosophico-cinématographico-religieuse.via GOD BLESS AMERICA 1: introduction philosophico-cinématographico-religieuse.

La vraie raison du suicide de l’Europe

Voici un article remarquable en deux partie, qui laisse présager à court ou moyen terme une guerre civile en France, ou sans doute en Europe:

http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2015/08/14/31003-20150814ARTFIG00245-des-territoires-perdus-de-la-republique-aux-territoires-perdus-de-la-nation-12.php

et

http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2015/08/14/31003-20150814ARTFIG00248-georges-bensoussan-nous-assistons-a-l-emergence-de-deux-peuples.php

Certes Georges Bensoussan explique la situation actuelle par la grande saignée de la première guerre mondiale, dont la France qui figurait au nombre des vainqueurs ne s’est jamais relevée.
On peut d’ailleurs parler comme Max Gallo d’une « guerre de Trente ans » (1914-1944), qui se transforma en guerre mondiale mais commença, aussi bien en 1914 qu’en 1939, comme une guerre européenne.
Mais pourquoi ? pourquoi l’humanité européenne, hautement éduquée, anciennement christianisée, ayant reçu de longue date l’influence de la Grèce antique et de ce que l’on appelle les « humanités », cette humanité européenne qui crée la science et la philosophie modernes, qui est celle aussi des Lumières et du droit, pourquoi se livre t’elle ainsi au vingtième siècle à cette course à l’abîme?
Ici l’examen de l’Histoire nous donnera plusieurs raisons , plusieurs « causes », je serais d’ailleurs bien en peine de les énumérer toutes, tout dépend d’ailleurs de combien de siècles en arrière on remonte, puisqu’on peut affirmer que l’Europe était déjà en « gestation » trois mille ans en arrière, ou même 50000 si l’on remonte à cromagnon et Néanderthal…citons en vrac : les empires coloniaux, la Révolution française et les guerres napoléoniennes, la guerre de l’Europe chrétienne contre les Ottomans, où la France a souvent été perçue par ses voisins européens comme faisant le jeu de l’islam, etc..etc..etc..
Mais, à la fin des fins, cela ne nous donnera pas le pourquoi, celui qui s’impose et met fin à toutes les questions, celle ci notamment qui revient lancinante:
« Oui mais pourquoi, suite à de tels faits historiques, l’humanité européenne a t’elle réagi comme cela, jusqu’à provoquer deux guerres mondiales, et jusqu’à la volonté d’anéantissement à laquelle nous assistons depuis 1975, depuis 40 ans d’immigration forcenée ? »
Et pourquoi, surtout, jusqu’à l’inconcevable, l’indicible de la Shoah ?
Qu’un génocide se produise dans des sociétés inférieures comme la Turquie de 1915 ou le Rwanda de 1994, c’est intolérable mais on peut à la rigueur l’envisager, de par les rivalités tribales ou bien la mentalité musulmane forgée de longue date par la Sharia qui considérait les dhimmis arméniens comme des sous-hommes…mais dans une société européenne qui avait été celle de Kant, ou Einstein ?
Ici l’interview de Georges Bensoussan dans le Figaro a le grand mérite de ridiculiser et condamner le « catéchisme moral » de la Shoah, qui l’a banalisée en la comparant à la prétendue naqbah des Palestiniens, ou bien au prétendu génocide de SreBrenica: ceci fonctionne comme un véritable étouffoir de la réflexion.
Il nous faut donc chercher la réponse à notre question sur un registre supérieur, métaphysique, et non plus seulement factuel (bien que les faits historiques puissent servir à vérifier ou réfuter nos conclusions.
Et nous ne pouvons la chercher que sur la période qui distingue absolument l’humanité, la civilisation européenne de toutes les autres, y compris de l’Europe telle qu’elle était avant la période historique dont je parle, avant la ligne de démarcation du cartésianisme:

https://meditationesdeprimaphilosophia.wordpress.com/2012/03/06/la-ligne-de-partage-des-temps/

la ligne de partage des temps, qui pour les chrétiens est la naissance de Jesus-Christ, pour les juifs…je ne sais pas, (la sortie d’Egypte ?) pour les musulmans la descente du Coran, mais qui pour nous qui nous voulons vraiment religieux, pour nous qui voulons vraiment « dépouiller le vieil homme » ne peut être que la « nuit de songes de Descartes » du 10 au 11 novembre 1619:

http://singulier.info/rrr/2-rdes1.html

nuit suivant la journée au cours de laquelle il trouvé les fondements de l’admirable science, selon le récit de Baillet:

« 

Il nous apprend que le dixième de novembre mil six cent dix-neuf, s’étant couché tout rempli de son enthousiasme et tout occupé de la pensée d’avoir trouvé ce jour-là les fondements de la science admirable , il eut trois songes consécutifs en une seule nuit, qu’il s’imagina ne pouvoir être venus que d’en haut.

 »

évidemment Descartes ne peut parler que le langage de l’ancienne époque puisque la nouvelle ne va naître qu’au cours de cette nuit obscure car ultra-lumineuse, Descartes reste chrétien : mais « en haut » désigne pour nous qui venons quatre siècles après le plan spirituel, plan de l’Idée, qui est nommé « cieux » (שמים = Shamayim par opposition à Eretz = terre qui désigne le plan vital ) au premier verset de la Torah. La pensée de la nouvelle époque d’après la ligne de démarcation est entièrement active, virile (non au sens de sexe masculin), solaire, conquérante, par opposition à l’ancienne époque lunaire, orientale, passive, recevant des « révélations » par les « prophètes » et ce n’est pas pour rien que Jean-Luc Marion tente d’annexer Descartes à sa thèse de la « donation-réception », niant la possibilité d’une pensée active, créatrice.

Science-sagesse admirable que nous appelons ici:

« 

HENOSOPHIA TOPOSOPHIA MATHESIS ενοσοφια τοποσοφια μαθεσις υνι√ερσαλις οντοποσοφια

et qui n’est autre que cette « Réforme absolue du savoir humain » que le philosophe-mathématicien Hoené Wronski tenta de fixer dans le livre de 1847 qui porte ce titre, mais sans y réussir parce que ce « Livre » est celui auquel le monde doit aboutir: le plan spirituel.

Voir aussi notre article assez ancien:

https://mathesisuniversalis.wordpress.com/mathesis-universalis-et-totalite/

Cette période de quatre siècles (1619-2015) qui marque la spécificité européenne et à laquelle nous devons donc nous restreindre pour expliquer la spécificité du destin de l’Europe, elle est encadrée quasi-symétriquement par deux « crises » (crise vient de krisis = jugement) dont parlent deux grands livres écrits au 20 eme siècle (au milieu des années 30 tous les deux) :

« La crise de la conscience européenne 1680-1715 » de Paul Hasard:

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/La_Crise_de_la_conscience_européenne

et

http://classiques.uqac.ca/classiques/hazard_paul/crise_conscience_europe/crise_conscience.html

et « la crise des sciences européennes et la philosophie transcendantale » d’Edmund Husserl

http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/file/husserl_depraz.pdf

Cette crise est à mon sens la suivante : la physique mathématique , déplacement dans l’axe de la vie religieuse selon Brunschvicg, n’a pas été inventée pour les progrès techniques, militaires et économiques qu’elle allait aussi apporter, car ceux ci ne sont venus que plus d’un siècle après, avec les premières machines à vapeur.
Elle a été inventée par des européens pour permettre à l’humanité européenne de se donner une forme de vie nouvelle, libérée de la Tradition et se donnant soi même son destin dans l’autonomie de la pensée et du jugement.
Cette autonomie consiste, dans la terminologie que j’emploie ici sous l’influence des trois premiers chapitres de « Raison et religion » de Léon Brunschvicg, dans l’appréciation exact de ce qu’est le plan spirituel (caractérisé par cette autonomie radicale) vis à vis du plan vital caractérise par l’asservissement de la conscience vis à vis des instincts. Il n’y a pas de liberté sur le plan vital, il ne peut pas y en avoir : la liberté « filtre » dans le monde en provenance du monde des Idées, comme tout ce qui est de l’ordre des valeurs véritables. Une valeur ne peut exister dans le monde sur le mode de l’être, elle y « apparaît » sur le mode du « doit être », toujours par l’intermédiaire d’une ou plusieurs consciences humaines , la liberté n’est pas (en tant que réalisée dans le monde) mais doit être, en tant au horizon pour l’action et la praxis vraiment humaine.
Un exemple : la sexualité en tant que symbole même du plan vital ne peut pas être libre, la « liberté sexuelle » est une baliverne. Tel homme, telle femme croit aimer tel partenaire librement, mais en fait c’est son instinct animal, qui dépend en partie de son histoire passée, qui le ou la pousse.
Seulement cela ne saurait être une justification pour le viol, ou pour le mariage forcé, qui n’est d’ailleurs qu’une forme de viol, ou pour les punitions en cas de sexe hors du mariage ou d’adultère….

Car notre conduite pratique en tout temps et en tout lieu doit être guidée par l’étoile polaire des Idées de Liberté, de Bien, de Vrai…or si je viole, si je force quelqu’un à se marier contre son gré, si je frappe ou lapide la femme adultère, j’obéis à mon instinct animal, individuel ou social: je ne suis plus guidé par les Idées éternelles, je commets le Mal.
Donc la science moderne, mathématique, qui au 17 eme siècle n’était pas encore séparée de la philosophie, n’a pas été créée pour la richesse ou la puissance économique et militaire, puisque les applications techniques militaires ou industrielles n’existaient pas à l’époque , personne ne pouvait en avoir l’idée. La science a été créée pour donner une juste vision et compréhension de la différence entre plan vital, ou plan de l’être, ou plan ontologique, et plan spirituel, ou plan des Idées et des Valeurs (véritables).
Je dis « juste compréhension » car il en existait déjà une, mais fausse : je veux parler de la vision du plan spirituel données par les religions et sectes ou systèmes se prétendant « de sagesse »: il y aurait lieu d’en parler pendant des heures, des mois, des années tant l’histoire de tels « systèmes de croyances » est complexe et embrouillée, je me bornerai donc à expliquer pourquoi tous ces systèmes existant avant l’émergence de la science ne pouvaient être que faux et mauvais (encore que bien sûr il faudrait introduire des nuances à l’infini): c’est que TOUS concevaient le plan des Idées et des valeurs sur le modèle du plan de l’être, du monde naturel caractérisé par la multiplicité indéfinie des étants. Or ici nous avons une célèbre citation de Brunschvicg qui comme d’habitude fait la lumière:
« Les trois propositions génératrices du scepticisme, de l’immoralisme, et de l’athéisme sont : le Vrai est, le Bien est, Dieu est »
On pourrait d’ailleurs y ajouter:
« La proposition génératrice de la dictature et de l’asservissement est : la liberté est »
Proposition que l’on rencontre généralement sous cette forme : « Je suis libre de faire, de dire, de penser ce que je veux » suivie de « et je t’emmerde ».
La liberté ce n’est pas de faire ce dont j’ai envie, poussé par mes pulsions et mes instincts : c’est de penser, de vivre et d’agir guidé par les Idées éternelles.
C’est Platon qui le premier a exprimé cette thèse dans sa philosophie, grâce sans doute à Socrate ainsi que par la connaissance des philosophes-savants plus anciens comme Thales, peut être par Pythagore, voir:

http://revistadefilosofia.com/11-3.pdf
Mais comme dit Brunschvicg « le miracle Grec dura le temps d’un éclair » , vint ensuite l’éclipse de l’idéalisme Grec platonicien, fondement de l’Occident, par le matérialisme oriental qui est à l’œuvre à Rome, Jérusalem, Byzance et Cordoue, et il faudra attendre Descartes pour que la spiritualité platonicienne, étouffée par l’aristotélisme qui était comme par hasard ce que les juifs, les chrétiens, et les musulmans avaient retenu de la philosophie grecque:

https://leonbrunschvicg.wordpress.com/about/

«  Les « valeurs méditerranéennes », celles qui ont dominé tour à tour à Jérusalem, à Byzance, à Rome et à Cordoue, sont d’origine et de caractère asiatique…… »

http://classiques.uqac.ca/classiques/brunschvicg_leon/ecrits_philosophiques_t1/ecrits_philosophiques_t1_intro.html

« C’est de Descartes que date le retour à la spiritualité pure par laquelle Platon avait mis en évidence le caractère de la civilisation occidentale : « Toutes les sciences (écrit-il dans la première des Règles pour la direction de l’esprit), ne sont rien d’autre que la sagesse humaine, laquelle demeure toujours une et identique, tout en s’appliquant à divers sujets, sans se laisser différencier par eux, plus que la lumière du soleil par la variété des choses qu’elle éclaire. » Mais l’humanisme de la sagesse ne manifestera toute sa vertu dans la recherche de la vérité, que s’il a conquis, par une ascèse préalable, sa liberté totale à l’égard des préjugés de la conscience collective. De cette ascèse, Descartes sera redevable aux Essais de Montaigne. »

Mais que s’est il passe alors pendant la « crise de la conscience européenne », de 1680 à 1715, et surtout après 1715, après la mort de Malebranche qui était le dernier des « grands » cartésiens ?
Il s’est passé que l’humanité européenne a connu le destin de Narcisse qui fasciné par son image dans l’eau (c’est à dire par le plan vital qui ne renvoie que la fausse image de la personne, non universelle donc non adéquate à la vérité) est tombé dans le cours d’eau et s’est noyé.
Dans le cas de l’Europe cette fascination par le moi personnel, vital et social, commence avec la « profondeur vide des Lumières » au 18ème siècle, elle est représentée par Danton lors de la Révolution française et provoque en retour la Terreur qui signe l’échec de tout projet d’émancipation réelle. Puis commencent à arriver les nouveaux objets inventés par l’industrie et la fascination grandissante qu’ils exercent.
Résumons : l’humanité européenne a été incapable d’accomplir le projet du 17 eme siècle , et s’est progressivement enlisée dans le naturalisme, ce qui est le diagnostic de Husserl en 1936, qui attribue cet enlisement à la crise des sciences positives qui n’ont plus rien à nous dire « dans la détresse de notre vie » (1936 en Allemagne) sur les questions importantes, touchant au sens de l’existence humaine.
Ce qui signifie dans notre terminologie : impuissante à définir une approche et une compréhension juste du plan spirituel, l’Europe sombre peu à peu, aux 19ème et 20 eme siècle, dans le naturalisme qui est le véritable athéisme : la thèse selon laquelle il n’y a que le plan vital.
Seulement l’athéisme positif , celui qui détruit les fausses conceptions, religieuses, du plan spirituel, n’en a pas moins joué son rôle à partir du 18ème siècle, et il est impossible de revenir en arrière, si bien que l’on en arrive à ce que révèlent les enquêtes de la fin du vingtième siècle, qui révèlent que les européens , même s’ils gardent une pratique religieuse minimaliste, ne croient plus aux « grands récits » sur un destin de la personne « après la mort », ce qui n’était qu’un voile mythique jeté sur la vérité du plan spirituel dont l’accès réclame comme condition préalable la « mort » (ascétique, initiatique) au plan vital.
En même temps des conceptions sectaires de l’initiation se font jour à partir du 19 eme siècle : théosophie, Golden dawn, anthroposophie etc..et créent un climat délétère d’où le nazisme prendra son envol.
C’est que l’humanité européenne n’arrive pas à faire l’effort (sans doute parce
Qu’elle ne connaît de la science que sa version vulgarisée) que pour détruire les fausses conceptions du plan spirituel, il fallait en connaître la vraie version : le « vêtement d’idées mathématiques » qui est derrière les théories scientifiques qui ont amené au 17 eme siècle le « déplacement dans l’axe de la vie religieuse »:

https://leonbrunschvicg.wordpress.com/2012/09/11/la-querelle-de-latheisme-de-brunschvicg/

« Le fait décisif de l’histoire, ce serait donc, à nos yeux, le déplacement dans l’axe de la vie religieuse au XVIIesiècle, lorsque la physique mathématique, susceptible d’une vérification sans cesse plus scrupuleuse et plus heureuse, a remplacé une physique métaphysique qui était un tissu de dissertations abstraites et chimériques autour des croyances primitives. L’intelligence du spirituel à laquelle la discipline probe et stricte de l’analyse élève la philosophie, ne permet plus, désormais, l’imagination du surnaturel qui soutenait les dogmes formulés à partir d’un réalisme de la matière ou de la vie. L’hypothèse d’une transcendance spirituelle est manifestement contradictoire dans les termes ; le Dieu des êtres raisonnables ne saurait être, quelque part au delà de l’espace terrestre ou visible, quelque chose qui se représente par analogie avec l’artisan humain ou le père de famille. Étranger à toute forme d’extériorité, c’est dans la conscience seulement qu’il se découvre comme la racine des valeurs que toutes les consciences reconnaissent également. À ce principe de communion les propositions successivement mises au jour et démontrées par les générations doivent leur caractère intrinsèque de vérités objectives et éternelles, de même qu’il fonde en chacun de nous cette caritas humani generis, sans qui rien ne s’expliquerait des sentiments et des actes par lesquels l’individu s’arrache à l’égoïsme de la nature. Ce Dieu, il faudra donc l’appeler le Verbe, à la condition que nous sachions entendre par là le Verbum ratio (λόγος ἐνδιάθετος) dont le Verbum oratio (λόγος προφορικὸς) est la négation bien plutôt que le complément, avec tout ce qui, par l’extériorité du langage à la pensée, s’est introduit dans les cultes populaires : mythes de révélations locales et de métamorphoses miraculeuses, symboles de finalité anthropomorphique.» »

En d’autres termes : la masse de l’humanité européenne est incapable d’accéder au « Temple » du Dieu des philosophes et des savants, mais elle ne peut pas non plus revenir en arrière (sauf une minorité religieuse bien sûr) dans le giron du Dieu des religions abrahamiques : elle se retrouve donc, surtout dans les 70 années de 2945 à 2015, dans l’attitude de l’athéisme pratique selon laquelle il n’y a que le plan vital et pas de plan spirituel, les idées n’étant vues que comme une superstructure du monde naturel. C’est aussi ce que Badiou nomme l’attitude du matérialisme démocratique :
« il n’y a que des corps et des langages »…et des droits, ajouterons nous..
Or cette attitude est impossible à maintenir sur une longue période : l’examen de l’histoire passée le montre,niais aussi la réflexion, car nous savons bien tous que « la vie est une affaire qui ne rembourse pas ses dettes » (Schopenhauer) ou bien « un pauvre comédien qui se pavane sur la scène une heure durant et qu’ensuite on n’entend plus, une histoire racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur, ne signifiant rien » (Macbeth).
D’où l’attitude suicidaire des peuples européens, tellement évidente pour qui regarde encore le JT du soir.
La période 1945-2015 peut s’analyser comme un faux relèvement, celui des Trente glorieuses, uniquement productif et économique, accompagné d’une montée du nihilisme dans les arts et les philosophies de la de construction : dans « De l’esprit », Derrida compare ainsi l’esprit à une fermentation gazeuse, à une sorte de flatulence.
Un film ou plutôt une trilogie de trois films, « Welcome un Vienna », réalisée par Axel Corti dans les années 80 montre les raisons de cette montée du nihilisme à partir de 1945, parce que les questions de fond, spirituelles et religieuses, n’ont pas été traitées :

https://meditationesdeprimaphilosophia.wordpress.com/dieu-croit-il-encore-en-nous/

Cette volonté de suicide, difficile à enrayer, se manifeste aux niveaux politiques, economiques, et « culturels ».

Mais un auteur comme Raymond Abellio parle quant à lui d’une « Assomption de l’Europe »:

T. S. Eliot : Mercredi des cendres (Ash-Wednesday, 1930)

Le texte anglais est ici:

http://poetryx.com/poetry/poems/748/

ou ici avec un commentaire:

http://thebrokentower.com/2013/02/13/ash-wednesday/

On trouve ici une traduction partielle :

http://www.madbeppo.com/texts/mercredi-des-cendres-ash-wednesday/

la traduction complète par Michel Leyris se trouve dans Scribd, page 160

https://fr.scribd.com/mobile/doc/141987282/T-S-Eliot-Poemes-1910-1930

La poésie de T S Eliot est extrêmement difficile, mêlant des références bibliques, grecques, hindoues, …il suffit de lire l’appareil de notes pour « La terre vaine » dans le lien Scribd ci dessus.
Il me semble en tout cas que la première partie de « Mercredi des cendres », qui en compte six, exprime la déception devant le plan vital propre à un homme arrivé comme Dante « au milieu du chemin de notre vie » (Eliot avait 42 ans en 1930), après un premier mariage malheureux qui conduisit le poète à « The waste land » , et son épouse à la clinique psychiatrique pour les neuf dernières années de sa vie.

« Because I do not hope to turn again
Because I do not hope
Because I do not hope to turn
Desiring this man’s gift and that man’s scope
I no longer strive to strive towards such things
(Why should the aged eagle stretch its wings?)
Why should I mourn
The vanished power of the usual reign?
 »

Parce que je n’espère plus me tourner à nouveau…

Ceci ne fait il pas allusion au dormeur qui dort mal et se tourne et se retourne dans son lit, symbole du profond sommeil qu’est la vie ordinaire?

« Je ne fais plus l’effort de désirer et m’efforcer d’obtenir ces choses: les dons de cet homme ci et le spectacle dont jouit cet homme là »

« Pourquoi l’aigle vieilli déploierait il encore ses ailes? »

« Because I know that time is always time
And place is always and only place
And what is actual is actual only for one time
And only for one place
I rejoice that things are as they are and
I renounce the blessed face
And renounce the voice
Because I cannot hope to turn again
Consequently I rejoice, having to construct something
Upon which to rejoice
 »

parce que je sais que le temps est seulement le temps, et que le lieu est seulement le lieu.. »rien n’aura eu lieu que le lieu »

C’est évidemment la déception devant « le monde », ce monde qui passe, qui va vers le néant, appel et tension de l’être désirant vers le monde de l’esprit, où il n’y aurait plus de lieu et où le temps de la vie et de l’entropie serait complètement bouleversé…
En même temps une décision résolue se fait jour : « puisque je ne puis plus espérer en ce qui arrive, je me réjouis d’avoir à construire quelque chose dont je puisse me réjouir »
Allusion au plan spirituel, où la participation humaine par l’effort et la tension vers une « apocalypse du désir » se fait prédominante..

Ensuite, dans les cinq autres parties qui viennent à la suite, d’une beauté que l’on dirait « surnaturelle » (terme qui va certes en sens contraire de ce que j’affirme ici) je ne sais plus très bien : les références chrétiennes et mystiques, vers un Ineffable qui est souvent le lieu où finit la poésie, cette « tension dans le langage vers ce qui est au delà des mots ».

La référence à Isaie est claire dans II, mais je n’en décelé pas vraiment la visée :

« De mon bol cranial le triste contenu.
Mais la voix du Seigneur s’élevant m’interpelle:
« Ces os nus, autrefois de ton âme éternelle
« Abri, prison et temple, et solide tremplin
« D’où elle bondissant se haussait au divin,
« Ces os reprendront-ils, défiant la nature,
« Le souffle humide et chaud; la chair sa reliure? »
Et mes os, desséchés et blanchis à souhait,
Répondirent pipant, d’une voix de fausset:
« Seigneur, point nous en chaut. La bonté de Madame,
« Célébrée de chacun; la beauté de son âme;
« La belle et sainte ardeur de sa dévotion
« Honorant la Vierge en méditation:
« Sont cause que ces os, dépouille misérable,
« Reluisent d’un éclat brillant et perdurable.
« Dispersé, mais content, j’abandonne à l’oubli
« Ce que je crus avoir en ce monde accompli;
« Ce que j’ai pu aimer, à la gent héritière
« Du désert je l’octroie, et à la gourde amère. »
Voilà ce qui recouvre et qui met à chuinter
Les filaments encore à mes os attachés,
Mes boyaux décharnis,—mes fibres oculaires,—
Tout ce qui rebuta les onces sanguinaires
…….
Et le Seigneur de dire: Au vent prophétisez:
Au vent seul; de lui seul vous serez écoutés.
Les os secs tout joyeux à piper commencèrent
De la gaie sauterelle imitant la manière:
 »

mais je ne veux plus piétiner ce Jardin où le Verbe reposé avec mes gros sabots…
J’ai trouvé un lien sur Google :

https://books.google.fr/books?id=kiVxHF6kbmEC&pg=PA154&lpg=PA154&dq=t+s+eliot+saint+john+perse+valéry&source=bl&ots=dJlWn0MGOo&sig=RdyDEF6-N_FHs2kAJZWmvzdeZKs&hl=fr&sa=X&ved=0CCIQ6AEwAzgKahUKEwiO5c6Qj6HHAhXEPRoKHaJyC1o#v=onepage&q=t%20s%20eliot%20saint%20john%20perse%20valéry&f=false

où la poésie de T S Eliot est opposée, en tant que faisant interférer le sentimental avec le spirituel (alors que Rilke les mêle de façon indiscernable) par Denis de Rougemont à celle, animique et « qui se garde de la pureté du non être » …pourrait on dire que cette dernière est « cosmique » et celle d’Eliot « acosmique »?

Laissons en décider la lecture de ces vers extraordinaires qui terminent la partie II:

« Des silences dame et reine,
De calme somme et de peine,
Porte grande ouverte toujours close;
Rose, qui nos faits rappelle
Et qui dans l’oubli les cèle,
Source épuisée débordant sans pause;
Jardin où se parachève
L’amour qui au cœur se lève,
Jusqu’où s’étend, unique, la Rose:
Soit passion insatisfaite
Dont la peine s’entremette,
Soit parfaite, dont point ne se pose
L’agitation pérenne;
Voyage au bout qui n’amène
Nulle part, nulle fin ne propose;
Conclusion de l’à perpète;
Discours qui les mots rejette,
Verbe qui en silence repose;
Grâces soient rendues à celle
Que l’on clame Eve nouvelle
Du jardin où nos amours se closent.

« SECONDS » (1966) de John Frankenheimer: la seconde naissance travestie par la « nouvelle vie »

J’ai vu ce film extraordinaire, ressorti en salle l’an dernier, et en avais tiré plusieurs articles notamment:

https://unedemeuresouterraineenformedecaverne.wordpress.com/2014/07/19/john-frankenheimer-seconds-1966/

« Seconds » (« L’opération diabolique ») forme avec Un crime dans la tête » et »Sept jours en Mai » la « trilogie paranoïaque » de John Frankenheimer

mais en juillet 2014 je n’avais pas encore eu l’idée, ou plutôt la « révélation » (intérieure, résultant de réflexions et lectures incessantes), de ce FAIT (vérifié régulièrement ici) que TOUT, absolument tout, tourne autour de la séparation pour l’être humain en le plan vital ou naturel ou ordre de la chair et le plan spirituel ou ordre de l’esprit ou plan de l’Idée ou « monde des idées », qu’on peut même appeler « monde spirituel » à condition de ne pas tomber dans le piège où s’est embourbée l’anthroposophie de Rudolf Steiner après 1900, et qui consiste à le calquer sur le monde naturel.

C’est au fond le véritable sens de la Croix qui résume ce que nous appelons après Spinoza et Brunschvicg : « christianisme des philosophes », c’est à dire un christianisme débarrassé des prières, hosties, messes ou autres rites, surnaturel et autres bondieuseries, et surtout débarrassé des nonnes, curés, cardinaux et de cet insupportable Pape François, aussi abject que son prédécesseur Benoît 16 était admirable.

L’axe horizontal de la Croix est le plan vital, le monde naturel, caractérisé par le temps envisagé comme perpétuité, et par la finitude qui est indéfinie,nillimitée: la physique de la Relativité générale nous apprend que le rayon de l’Univers (considéré comme une variété riemannienne spatio-temporelle) est fini mais que l’Univers est illimité (d’ailleurs par quoi serait il limité, puisque « tout ce qui arrive » se produit en lui?)
L’axe vertical de la Croix représente le plan spirituel, caractérisé par l’éternité qui est fulguration, non pas perpétuité comme « mauvais infini » c’est à dire infini imaginaire. On y accède, à ce véritable Infini, par la « porte étroite » qui est l’instant en tant que croisée du temps (naturel, vital) et de l’éternité, loin de la large route menant à la perdition suivie par la foule des athées « ahrimaniens » (ceux qui pensent qu’il n’y a que le plan vital, et rien d’autre) et les croyants « lucifériens » de toutes les religions ou sectes ( ceux qui se font une fausse idée du plan spirituel comme : « au delà où nous entrerions après la mort », ou « monde régénéré et « parfait » après la Révolution communiste ou nazie, ou après la venue du Messie).

Toutes ces conceptions pêchent parce qu’elles échouent à rendre compte de la complète rupture du temps spirituel, qui est redressement, par rapport au temps du monde naturel, biologique, caractérisé par l’entropie. Je suis persuadé que ce redressement est symbolisé par la Lame XX du Tarot : le Jugement.

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Tout cela revient aussi à affirmer comme Brunschvicg dans sa « querelle de l’athéisme » qu’il n’y a pas, au delà de l’ordre de la chair et de l’ordre de l’esprit, un ordre surnaturel qui serait celui de la grâce ou de la charité selon Pascal:

https://mathesisuniversalis.wordpress.com/la-querelle-de-latheisme/

Et c’est aussi Brunschvicg qui explique le mieux le thème chrétien (et pas seulement chrétien) de la seconde naissance qui « ouvre le Royaume des cieux », tel qu’il est abordé dans l’Evangile de Jean chapitre 3 lors du dialogue de Jésus avec Nicodeme :

https://unedemeuresouterraineenformedecaverne.wordpress.com/le-salut-est-au-prix-dune-seconde-naissance-qui-seule-ouvre-le-royaume-de-dieu/

Chapitre 3 de l’évangile de Jean:

http://bible.catholique.org/evangile-selon-saint-jean/3266-chapitre-3

« 3 Jésus lui répondit: « En vérité, en vérité, je te le dis, nul, s’il ne naît de nouveau, ne peut voir le royaume de Dieu. »
4 Nicodème lui dit: « Comment un homme, quand il est déjà vieux, peut-il naître? Peut-il entrer une seconde fois dans le sein de sa mère, et naître de nouveau? »
5 Jésus répondit:  » En vérité, en vérité, je te le dis, nul, s’il ne renaît de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu
6 Car ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est esprit.
7 Ne t’étonne pas de ce que je t’ai dit: il faut que vous naissiez de nouveau.
8 Le vent souffle où il veut et tu entends sa voix; mais tu ne sais d’où il vient, ni où il va: ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit. » »

On voit que Nicodeme ne comprend pas ce qu’est la seconde naissance, qui est rupture totale de la temporalité vitale par l’accès à une compréhension absolument nouvelle de ce qu’est le plan spirituel : il situe cette seconde naissance dans la même perspective, sinon dans le prolongement de la vie naturelle.

Or c’est exactement cette incompréhension que met en scène le film de Frankenheimer : « SECONDS ».

Certes il s’agit d’un récit fantastique, comme celui de « Melmoth réconcilié » de Balzac dont j’ai parlé ici hier, ou Faust : une sorte de pacte, se terminant forcément très mal, avec le « diable », qui est ici une mystérieuse « Organisation » qui propose à des hommes riches et âgés de leur procurer une « nouvelle vie » dans un corps rajeuni et rendu plus séduisant par une « opération chirurgicale » d’un nouveau genre, avec un nouveau nom, et l’assurance que leur famille, qui les croira morts, ne manquera de rien. Ils auront un nouveau métier correspondant à leurs aspirations profondes, de nouvelles relations, sentimentales ou amicales, etc..
C’est ainsi qu’Arthur Hamilton, cadre bancaire usé par l’existence (John Randolph) devient de par « l’opération diabolique » Antiochus Wilson (Rock Hudson) un séduisant artiste-peintre en Californie.
S’il réfléchissait il se demanderait d’où vient le cadavre que l’organisation fera passer pour le sien dans un accident, afin que tout le monde puisse le croire mort. Ceci concerne le niveau technique.
Second niveau, celui de la « morale » : est il vraiment « moral » de fuir toutes ses responsabilités sociales, familiales, pour aller « s’éclater » dans un corps transformé en buvant du vin tout nu dans une cuve où l’on foule le raisin en compagnie d’accortes jeunes femmes nues elles aussi, dans une sorte d’initiation dionysiaque et orgiaque ?
Mais bien sûr ce qui cloche vraiment est tout autre et nous le comprenons à la lumière des considérations précédentes : si le plan vital est fini, alors il est néant relativement à l’infini du plan spirituel, comme une réflexion mathématique sommaire nous en persuade : un nombre fini divisé par l’infini, cela donne toujours zéro.
On pourra donc mener autant de nouvelles vies que l’on voudra, vider autant de coupes de vin et avoir autant de maîtresses que l’on voudra, cela donnera toujours zéro : le Néant.

C’est d’ailleurs ce que le directeur de « l’organisation », joué par un Will Geer époustouflant, explique à Hamilton hésitant pour le décider à franchir le pas, dans la scène suivante (en anglais non traduit)qui est absolument terrifiante (car on y voit un homme se défaire de sa liberté pour la confier à un autre, d’une persuasion diabolique:

https://vimeo.com/82938978

Admirez (en tremblant d’horreur) comme il arrive à le retourner, à détruire tous ses arguments, et finalement à le persuader de ce qui est certes une vérité:
« La vie ne vaut rien », c’est à dire le plan vital est Néant

mais qui devient destructrice si elle n’est pas accompagnée de cette autre vérité:

« Mais rien ne vaut la vie », ou encore « la finitude est néant, mais relativement à l’Infini qu’est l’ordre de l’Esprit et de l’Idée »

La scène se termine par : « il n’y a plus rien n’est ce pas ? » : amour (familial et conjugal) métier, tout cela n’est plus rien…et donc cela n’a jamais été rien…seulement Hamilton devrait réfléchir et (se) demander : mais si ce n’est rien, est ce qu’une nouvelle existence échappera à ce constat « métaphysique »?

et il y a ensuite la scène, terrifiante aussi, mais moins à mon avis, de la fin : Will Geer le directeur vient trouver le nouveau personnage remplaçant le vieil Hamilton, le séduisant Wilson qui n’a cependant pas trouvé la satisfaction qu’il voulait vraiment, au fond de lui même, sans en être conscient : car ce qu’il veut, ce que nous voulons tous, c’est l’Infini véritable du plan de l’Idée, pas le mauvais infini de la perpétuité vitale..
Puis les docteurs l’ embarquent en lui parlant d’une nouvelle opération qui lui donnerait enfin le bonheur, mais en réalité ils vont le tuer et maquiller son cadavre pour faire croire à la mort d’un nouveau « client de l’organisation qui veut une nouvelle vie »
Et Wilson le comprend lors qu’apparaît un pasteur (il est de confession protestante) pour l’accompagner jusqu’à la salle d’opération en lui récitant l’Evangile, ou les psaumes…nouvelle façon de le tromper et de lui fermer les yeux de l’esprit jusqu’au bout:

https://vimeo.com/82938980

***

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LE ROYAUME (Emmanuel Carrere chez Finkielkraut)

Je n’ai pas eu le temps de lire encore le livre d’Emmanuel Carrere « Le Royaume », mais j’ai réécouté ce matin l’émission « Répliques » de l’excellent Finkielkraut où il parle de son livre, on peut la réécouter ici:

http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4882956

Or il y a un moment où l’excellent Finkielkraut se lance dans une de ses tirades jugées réactionnaires par les petits tribuns médiocres de notre époque, il évoque Pascal et les trois ordres : ordre de la chair, ordre de l’esprit et ordre surnaturel de la charité, et Pascal ajoute que si l’esprit est séparé de la chair par une distance infinie, l’ordre de la charité est séparé des deux autres par une distance infiniment infinie, puisqu’il est surnaturel.
Il cite ensuite Laurent Lafforgue pour rattacher l’ordre de l’esprit à l’école, et l’ordre de la charité à l’égalitarisme qui règne et veut que l’école soit accessible à tous, avec même une discrimination positive donnant plus de moyens pour ceux nés en milieux pauvres que leur famille ne peut pas aider.

Seulement c’est pour lui un cas où la charité, spécifiquement une valeur chrétienne devenue folle selon le mot de Chesterton, dynamite complètement l’ordre minimal nécessaire pour que l’école joue son rôle : accueillir trop d’enfants « différents » (issus de l’immigration non européenne) finit par détruire l’école, et empêcher toute transmission à ceux qui auraient pu en bénéficier, surtout d’ailleurs parmi les enfants de familles pauvres, les autres familles ayant les moyens de mettre leur enfant dans le privé.
Et il oppose à ce sujet, selon les thèses de Max Weber, éthique de la conviction et éthique de la responsabilité : il est irresponsable d’accueillir inconditionnellement (comme le voudrait Derrida) tous les clandestins, car cela finit par créer une société cloisonnée, communautarisme, et hyper-violente.

Cependant, lui et Emmanuel Carrere tombent d’accord sur le besoin de conserver l’ordre de la charité comme « source des valeurs ».

Mais comment Finkielkraut peut il alors ne pas évoquer la « querelle de l’athéisme » de Léon Brunschvicg en 1928, qu’il connaît très bien?
Voir:

https://mathesisuniversalis.wordpress.com/la-querelle-de-latheisme/

où Brunschvicg montre que tout marche très bien sans l’ordre surnaturel de la charité..

L’ordre de l’esprit suffit, il est la source des valeurs, et de la vraie charité, la charité soutenue et gardée de la folie par l’intelligence.

Le Royaume est tout simplement le plan spirituel, l’ordre de l’esprit, et au dessus ou au delà il n’y a rien de supérieur.

En même temps cette conception rationnelle, qui simplifie tout, joue le rôle de garde-fou vis à vis des délires messianiques qui étaient ceux des premiers chrétiens.
Le Royaume ne vient pas à un moment donné de l’Histoire pour tout le monde, il vient de manière « invisible » pour chacun à l’heure où il comprend que le plan vital est néant sans valeur, que seul le plan spirituel introduit de la valeur dans le monde et dans l’existence.

Était ce cela que voulait dire l’Apôtre Paul lorsqu’il disait à ses disciples des premières communautés chrétiennes : « Le Royaume viendra de votre vivant, tous vous le verrez »?
Il voulait peut être dire que tous ceux qui suivaient le bon enseignement dans l’attitude juste le « verraient » puisque l’enseignement n’est que cela : discrimination entre le zéro, ou le fini, et l’Infini.
Le plan vital est fini, donc il n’est pas étonnant que l’on puisse parler de la « fin du monde » : puisque le monde est (le) fini, la finitude, il est évident qu’il doit finir, seulement cette fin d’ordre transcendantal n’est pas historique, elle ne survient pas à un moment donné de l’Histoire et pour tout le monde.
Et Paul répondait aux critiques de ceux qui disaient :
« mais beaucoup sont déjà morts et le Royaume n’est toujours pas là… »

 » Si le Royaume est venu mais vous ne l’avez pas vu »

Il voulait peut être dire : il est venu pour les « morts », mais pour les morts au sens initiatique : ceux qui sont morts à l’ego social et personnel (de persona = masque, « ce qui résonne ») et au plan vital et « naturel »

Seulement la tragédie universelle est que « ceux qui veulent des consolations », ceux qui n’ont pas renoncé à la mort en mourant (de la mort initiatique en comprenant le véritable sens de ce Brunschvicg appelle « christianisme des philosophes ») ne comprennent pas ce qu’est le « plan spirituel » et le situent dans un « au delà » situé « apres la mort » : ils auraient raison s’ils voulaient dire la mort initiatique à l’existence « naturelle » pour laquelle il n’y a que le plan vital..

Seulement ils parlent de la mort physique..
Le Royaume vient pour chacun quand il comprend réellement que le plan vital est fini, donc nul (comparativement à l’Infini) et que le plan spirituel, ou ordre de l’Esprit,ou « monde des idées » (terme employé par Brunschvicg vers 1900 dans « L’idéalisme contemporain »).
Voilà où se situe l’incompréhension fondamentale des gens à mentalité sectaire: ils interprètent le « Fils de l’homme qui vient sur les nuées » à la manière d’un film américain à sensations fortes.
Mais le fils de l’homme vient comme un voleur, un peu dans le même sens que dans le sermon du Maître Zen cité par Suzuki:

« Le zen est l’apprentissage dans l’art de cambrioler »

Il faut aussi évoquer ici l’incompréhension fondamentale des judéo-nazaréens, qui sont devenus les musulmans, dans leur conception de Jésus comme Messie guerrier qui doit revenir à la Fin des Temps pour prendre la tête de la communauté des Justes (devenue la oumma islamique ) et conquérir la Terre et convertir l’humanité pour la forcer à obéir à Dieu (c’est à dire à la Charia)