#BrunschvicgRaisonReligion l’unité absolue chez Spinoza

Venant à la suite de :

#BrunschvicgRaisonReligion « Je serai au milieu de vous « 

et

#BrunschvicgRaisonReligion : conversion à l’intériorité

Ce Hashtag #BrunschvicgRaisonReligion est consacré à l’étude du livre de 1939  » Raison et religion »:

http://classiques.uqac.ca/classiques/brunschvicg_leon/raison_et_religion/raison_et_religion.html

Et nous en sommes pour le moment au chapitre 3  » Dieu humain ou Dieu  divin ». nous sommes rejoints par l’atroce actualité de ces derniers jours, car ces attentats qui ont endeuillé notre pays sont bien commis au nom de l’Islam et au nom de Dieu mais d’un Dieu  humain trop humain et comme je l’ai déjà dit ailleurs le Coran pourrait se résumer en une immense contradiction:

« Dieu n’est pas Dieu »

Cela veut dire que le Dieu qui est décrit comme un chef de gang et un proxénète sanguinaire( offrant des houris et des éphèbes à sodomiser à ses fidèles qui se seront signalés par leur cruauté dans le jihad) sous le nom d’Allah ne correspond pas à l’Idée  universelle de Dieu présente dans la philosophie occidentale depuis Thales et Platon, et qui enveloppe l’idéal d’intelligibilité absolue et parfaite car réflexive ainsi que d’unité morale  de l’homme occidental, l’homme suivant Socrate et Descartes:

https://meditationesdeprimaphilosophia.wordpress.com/lhomme-occidental/

Dieu , le  » Dieu des philosophes et des Savants » est une Idée, et non pas un Etre Tout Puissant et Miséricordieux ou Colérique et Impitoyable, comme l’est le « Dieu d’Abraham-Ibrahim, Isaac et Jabob » . cette Idée est elle forgée par l’homme, même si c’est pour les nécessités de la Science ? C’est difficile à décider et c’est pour cette raison que nous accordons tant d’importance aux mathématiques car on le sait il y a un de,bat, toujours pas tranché, entre deux conceptions de l’activité mathématicienne : le débat entre la conception du mathematicien comme découvreur d’une réalité préexistante d’idées mathématiques e t celle du mathématicien comme inventeur et créateur de ces idées (Wittgenstein est un représentant célèbre de cette seconde conception).

Pour l’Idee de Dieu c’est pareil et j’ai tendance à croire que la vraie fonction de la Pensée mathématique ( la mathématique est une Pensée et non une Technique) est de parvenir à une Idée de Dieu qui soit d’une Clarté et d’une perfection absolues , il me semble que Kurt Gogel pensait ainsi et que là est l’origine de sa « preuve logique de l’existence de Dieu » qui contrairement à ce que l’on croit généralement et à ce que j’ai moi même prétendu à tort dans le passé:

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Preuve_ontologique_de_Gödel

http://patriceweisz.blogspot.fr/2008/01/42-la-preuve-ontologique-de-gdel.html


Alors, le mathématicien : découvreur ou inventeur ? Je résumerai ainsi ma propre position : 

Inventeur au sens que s’il n’y avai pas eu d’humanité il n’y aurait pas eu de mathématiciens, donc pas de mathématiques, mais il n’y aurait eu  non plus personne pour poser la question  » le mathématicien  est il découvreur ou inventeur? »

Découvreur en ce sens que la création d’idées mathématiques ne se fait pas arbitrairement, mais en respectant des normes intellectuelles de consistance notamment ..

Eh bien pour l’Idée de Dieu c’est pareil !

Revenons au texte de Brunschvicg:

http://classiques.uqac.ca/classiques/brunschvicg_leon/raison_et_religion/brunschvicg_raison_et_religion.doc#c3

Cette partie du chapitre 3 semble réservée à Allah et à l’Islam, c’est à dire à un Dieu idolâtre limité au « plan vital » qu’il aurait créé en se proposant un but mais lequel ?

« Mais les monstres continueront-ils de nous paraître aussi plaisants quand nous aurons à les considérer, non plus en peinture, mais en originaux ? En tout cas, si le Dieu auquel ils ont dû plaire, puisqu’en fait il les a introduits dans l’architecture de son univers, est un Dieu artiste, n’est-ce point au sens néronien du mot ? Il n’aurait multiplié les espèces végétales ou animales, il ne les aurait, pour la guerre de tous contre tous qui naît de la concurrence vitale, dotées des armes défensives et offensives les plus P048 pittoresques et les plus redoutables, qu’afin d’offrir à sa contemplation des scènes plus raffinées d’épouvante et de carnage.

La question paraîtra impie. Mais en ce cas l’impiété retombera sur le Créateur qui nous oblige à la poser par le caractère de l’œuvre qu’on lui attribue. A quoi bon ce luxe inouï de précautions, cette prodigalité d’imagination, pour le service d’existences, non seulement vouées à la mort, mais toujours pénibles et menacées, où l’être ne cessera d’être un meurtrier que pour devenir à son tour une victime ?

 

XI. — Il semble impossible de trouver à l’intérieur du monde biologique un centre d’intérêt qui justifie le monde, non tel qu’il aurait dû être, mais tel qu’il est, à moins toutefois que l’homme ne se propose lui-même à la providence de Dieu. Si sévère que Platon dans la République se soit montré à l’égard de l’anthropomorphisme, si enclin qu’il soit à reconnaître que nos biens sont fort peu nombreux en comparaison de nos maux (II, 379 c), il réhabilitera, vers la fin de sa carrière, l’anthropomorphisme jusqu’à requérir la rigueur des lois contre le citoyen qui s’enhardirait à mettre en doute l’intervention de la divinité dans le cours des affaires spécifiquement humaines. La philosophie stoïcienne, chez Cléanthe et chez Chrysippe en particulier, conserve et systématise la représentation séculaire d’un Dieu travaillant pour des fins, non pas seulement à la manière dont l’homme agit, mais encore pour des fins proprement humaines. Elle fournit ainsi une armature conceptuelle à toutes les croyances populaires sur la communauté entre les hommes et les astres ; et le mouvement s’achève dans la conception sublime de la cité de Dieu, à laquelle va l’hommage d’un Marc-Aurèle. La loi, née dans l’enceinte de la cité, avait brisé le cadre de la cité ; l’Antigone de Sophocle et le Socrate de Xénophon ont tous deux proclamé la valeur éternelle de la loi non écrite. Avec le stoïcisme elle prend racine dans la nature universelle, qui assure à son tour la base spéculative de l’optimisme.Au premier abord l’optimisme paraît être à l’avantage du sentiment religieux. Il n’est cependant pas besoin d’invoquer l’expérience des siècles pour dire à quel point il est à la fois paradoxe d’observation et scandale de conscience. Caïn a tué Abel ; et, depuis, combien de fois aura-t-on vu l’assassin entonner le Te Deum sur l’autel même où il venait d’égorger son frère ! Qu’il suffise de nous reporter aux scrupules et aux troubles dont Cicéron dans ses Dialogues de la nature des dieux nous a transmis l’écho encore frémissant. « D’un seul mot, chez Ennius, Télamon P049 dit tout ce qu’il faut pour montrer que les Dieux n’ont aucun souci des hommes. Si les Dieux avaient soin des choses humaines, elles tourneraient bien pour les bons, mal pour les méchants ; ce qui actuellement n’est pas. » Les événements parlent d’eux-mêmes. « Pourquoi Marius, le plus perfide, a-t-il pu faire périr Catulus, le meilleur ? Pourquoi, sept fois consul, cet heureux Marius est-il mort de vieillesse et dans son foyer ? Pourquoi Cinna, cruel entre tous, a-t-il régné si longtemps ? On dira sans doute qu’il a fini par être puni. Mais, au lieu de cette punition trop tardive, il eût fallu prévenir et empêcher le massacre de tant d’hommes supérieurs. » Et Cotta conclut sur cette évocation touchante. « Parlerai-je de Socrate ? je ne puis quant à moi lire sans pleurer le récit que Platon a laissé de sa fin ? » (III, 32 et 33).

En vain des avocats trop zélés imaginent-ils un transfert de punition ; l’honnête homme ne laisse pas fléchir la vigueur de sa protestation et de son ironie. « Le bel argument que de dire : la puissance divine est si grande qu’au cas où un criminel serait mort avant d’expier ses forfaits, ses enfants, ses petits-enfants, ses descendants, seront châtiés à sa place. L’admirable équité des Dieux ! Où supporterait-on qu’un législateur condamnât le fils et le petit-fils parce que le père ou le grand-père aurait commis un délit ? »

L’argumentation n’est cependant pas irréprochable. Peut-être la cause de Dieu n’a-t-elle semblé compromise que parce qu’on est convenu entre Stoïciens et Académiciens de reconnaître encore la raison pour arbitre du débat. Mais, si l’ordre du monde est bon en tant qu’il a été établi par Dieu, et si, d’autre part, le mal n’a pu être introduit dans le monde que par la faute des hommes, le problème doit apparaître beaucoup plus profond, emportant avec lui le critère dont l’homme se prévalait et qu’il dressait contre Dieu. Déjà, dans un passage de l’Hortensius, qui nous a été conservé par saint Augustin, Cicéron disait : « En punition de crimes commis dans une vie antérieure, les hommes ont à subir un supplice analogue à celui qu’avaient imaginé des bandits étrusques, ils attachaient des vivants à des P050 morts, et c’est de la même façon que nos âmes sont liées à nos corps. » Or, l’âme ainsi corrompue par le corps, ne permet plus à la raison d’exercer son office naturel. Pascal ne fera qu’aller jusqu’au bout de la doctrine en écrivant : « Le péché originel est folie devant les hommes ; mais on le donne pour tel, vous ne me devez donc pas reprocher le défaut de raison en cette doctrine puisque je la donne pour être sans raison. Mais cette folie est plus sage que toute la sagesse des hommes, sapientius est hominibus » . A quoi, en effet, la foi pourrait-elle nous commander de croire, si ce n’est au proprement incroyable ? permis de dire si Dieu existe ou non avant de savoir ce qu’il est ; et comment savoir ce qu’il est tant qu’on n’a pas démontré son existence ? Pour un objet qui n’est pas compris dans le tissu normal de l’expérience quotidienne, nature et preuve sont inséparables. La manière dont on arrive à l’existence de Dieu décidera des attributs qu’on lui reconnaît. Une chose est évidente : lorsque le fidéisme affecte de tourner en triomphe l’échec de la raison, il s’enlève à lui-même la base sur laquelle aurait pu s’établir le contenu de la révélation. Il ne lui restera qu’une ressource, s’abandonner à l’automatisme du comportement social, sanctifier le préjugé d’une représentation collective transmise dans les symboles d’un langage impénétrable à la conscience claire et distincte. On a le sentiment que le problème a disparu dès l’instant où on a imaginé de l’ériger en mystère, formule de complaisance qui, à défaut de nous éclairer, serait capable d’endormir notre scrupule si par malheur la sociologie, qui rend compte du conformisme confessionnel, ne mettait en relief l’origine tout humaine d’une semblable attitude.

P051 « Il faut que nous naissions coupables (dit Pascal), ou Dieu serait injuste » . Rien n’est plus touchant que cet effort sincère de la créature pour prendre à sa charge ce qui pourrait être imputé au Créateur ; rien n’est plus vain pourtant. Sans le vouloir, sans même en avoir le sentiment, c’est l’homme qui par son zèle généreux et charitable se donne le beau rôle ; et ce qu’il a dû récuser, ce n’est pas seulement la lumière interne de la raison, c’est aussi l’impératif catégorique de la conscience, qui ne permet pas que nous détachions de nous-même nos intentions et nos actes pour les envoyer en quelque sorte se promener de personne en personne. Nos péchés sont à nous ; nous ne pouvons pas les recevoir d’autrui, nous ne pouvons pas non plus en faire cadeau, même au Dieu ou aux Saints qui voudraient, par le plus douloureux et le plus sublime, mais aussi le plus éclatant, des quiproquos, en porter le poids à notre place. La réversibilité des fautes est trop évidemment l’illusion d’un rêve.

Or, si nous cherchons comment sur ce point essentiel une vérité aussi simple et fondamentale a pu échapper, nous sommes amenés à considérer ce stade d’évolution qui nous apparaît comme une donnée élémentaire de l’expérience morale, où l’intégrité propre à la conscience n’est pas encore tout à fait élaborée, où une disposition de l’âme, pour prendre le terme le plus général, est quelque chose en soi, qui se réalise, qui se matérialise, toute relation étant coupée avec la source spirituelle dont elle émane. A cet égard l’ethnographie des sociétés inférieures, admirablement approfondie par les travaux de M. Lévy-Bruhl, permettrait de multiplier à l’infini les exemples . Ceux qui sont tirés de la Bible sont ici les plus significatifs ; et nous n’avons qu’à rappeler cette remarque de M. Raoul Allier : « Dans les traditions relatives à Isaac, Ésaü et Jacob, la bénédiction et la malédiction apparaissent comme des énergies qui ont une existence séparée et agissant par leur vertu propre… La bénédiction existe indépendamment de celui qui l’a prononcée et elle déroule automatiquement ses conséquences » . »La Bible rejoint ici le Coran d’ailleurs la version la plus ancienne (nazaréenne ) de celui ci prend sa source dans la Bible , une Bible d’où toute référence au plan spirituel ( les cieux « -Shamayim » du premier verset ) aurait été supprimée. et les sociétés inférieures dont parle Brunschvicg sont celles des pays islamiques que fuient actuellement des millions de migrants, ou hélas les quartiers déjà islamisés d’Europe…

Mais Brunschvicg franchit le gouffre abyssal  laissé béant par l’humanité primitive entre l’idolâtrie tribale des sociétés inférieures et le Dieu , non pas « qui vient à l’idée » (comme dit Levinas) mais du Dieu qui est Idée  et il le franchit grâce à la pensée de Spinoza qui avait valu à celui ci la haine des rabbins fanatisés d’Amsterdam dans le Herem de 1656:

https://mathesisuniversalis2.wordpress.com/le-herem-de-spinoza-1656/

« Tel est le service que la philosophie rend à la religion » dit Brunschvicg avant cette fin extraordinaire du chapitre 3, sommet de la pensée philosophique ET religieuse, sommet de l’esprit humain:

« L’ascèse idéaliste permet donc de conclure à l’existence de Dieu comme thèse rigoureusement démontrée si l’on a su retrancher de la notion d’existence tout ce qui tendrait à situer Dieu dans un plan de réalité matérielle où il viendrait, soit s’ajouter, comme chose numériquement différente, à l’ensemble des choses données dans l’expérience du monde, soit se confondre avec lui. Créationisme et panthéisme sont également hors de jeu, parce qu’ils définissent Dieu par rapport à la réalité de la nature. Or il faut, de toute nécessité, que le progrès de la critique ait spiritualisé l’être pour que soit séparé de son image, atteint dans sa pureté, le Dieu qui seul pourra être avoué comme divin….

…..Le service que rend la philosophie à la religion consisterait donc à mettre en évidence que c’est un même progrès de pensée dans le sens du désintéressement et de l’objectivité qui préside à la triple option dont nous nous sommes efforcés de préciser les conditions intellectuelles, qu’il s’agisse de l’homme ou du monde ou de Dieu. L’ennemi sera toujours le mirage de la chose ensevelie dans la matérialité de son expression verbale, qui fait que le moi s’acharne à la vaine poursuite d’une âme dissimulée derrière sa spiritualité, comme d’un Dieu caché par-delà sa divinité. Le réalisme se fait ombre à lui-même………..

…..Ce n’est donc pas un hasard, non seulement si le cartésianisme concorde, à l’intérieur même de l’Église, avec le mouvement qui marque la revanche de la théologie augustinienne du Verbe sur la théologie thomiste des intermédiaires, mais si avec le Traité théologico-politique et l’Éthique la voie royale de la spiritualité s’est trouvée définitivement ouverte. Peut-être le souvenir de certains Marranes, chez qui les frontières de culte entre juifs et catholiques tendaient à s’effacer au profit de la communauté de sentiment, avait-il contribué à détacher Spinoza de tout préjugé particulariste. En tout cas, à travers le langage substantialiste et l’appareil euclidien, qui pourraient à chaque instant donner le change sur la tendance profonde du système, s’accomplit la désappropriation réciproque et parfaite de Dieu et de l’homme. Le Dieu infiniment infini n’est pas seulement dégagé de toute image plastique suivant le commandement du Décalogue, mais, ce qui est beaucoup plus important et plus rare, affranchi de toute image psychologique. Dès lors nous ne pouvons plus accepter que nous soyons un autre pour lui, et il cesse d’être un autre pour nous. Il n’est pas la puissance supérieure vers laquelle se tourne l’être qui dure, et qui prie pour être soustrait aux lois de la durée. Il est la vérité éternelle en qui une âme pensante acquiert le sentiment et l’expérience intime de l’éternité de la pensée. Ni le soleil ni la mort ne peuvent se regarder fixement, considérés avec les yeux du corps ; mais l’homme dont on peut affirmer sans mentir qu’il est deux fois né, l’astronome d’après Copernic, le philosophe d’après Spinoza, aura la force de les envisager avec les « yeux de l’esprit que sont les démonstrations ». »

« Désappropriation  parfaite et réciproque de Dieu et de l’homme » : telle est la formule, simple en apparence , de la religion du Verbe et de l’Esprit , de ce pont jeté par la Pensée sur l’Abîme de terreur et de haine laissé par les idolâtries du passé oriental qui menace d’engloutir notre Europe chérie.