#BrunschvicgRaisonReligion troisième opposition fondamentale : Dieu humain ou Dieu divin

Le chapitre 3 du livre paru en 1939 « Raison et religion »:

http://classiques.uqac.ca/classiques/brunschvicg_leon/raison_et_religion/raison_et_religion.html

est sans doute le centre du livre, et le sommet de la philosophie universelle: certes les dialogues de Platon peuvent à bon droit être réputés plus beaux, plus « artistiques » mais nous sommes à une époque où la beauté ne nous semble plus autant nécessaire ni sublime :

«  « Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s’ouvraient tous les cœurs, où tous les vins coulaient.
Un soir, j’ai assis la Beauté sur mes genoux. − Et je l’ai trouvée amère. − Et je l’ai injuriée.
Je me suis armé contre la justice.
Je me suis enfui. Ô sorcières, ô misère, ô haine, c’est à vous que mon trésor a été confié!
Je parvins à faire s’évanouir dans mon esprit toute l’espérance humaine. Sur toute joie pour l’étrangler j’ai fait le bond sourd de la bête féroce.
 »

Seulement cela ce n’est que l’ascèse préalable, exprimée excellemment par Rimbaud, qui doit nous désintoxiquer du jargon des belles âmes subventionnées par les ministères, et nous mettre en condition pour la philosophie et la mathesis.
Nous avons déjà traité sous le hashtag #BrunschvicgRaisonReligion les deux premières oppositions fondamentales:
Moi vital ou moi spirituel (nous disons aussi plan vital ou plan spirituel, plan de l’Idée):

https://meditationesdeprimaphilosophia.wordpress.com/2015/05/19/brunschvicgraisonreligion-les-oppositions-fondamentales-moi-vital-ou-moi-spirituel/

et seconde opposition fondamentale entre monde imaginaire et monde véritable:

https://mathesisuniversalis.wordpress.com/2015/08/03/brunschvicgraisonreligion-seconde-opposition-fondamentale-monde-imaginaire-ou-monde-veritable/

et le chapitre 2 finit justement sur ces lignes qui annoncent la solution du chapitre 3 au

problème universel

de la vie religieuse : remplacer Le Dieu des religions , Dieu de la superstition et de l’instinct, par le Dieu des philosophes et des savants, « Dieu pauvre et dépouillé » qui n’intervient pas dans le cours de l’Histoire et ne peut donc pas « être avec nous », c’est à dire toujours avec une communauté et une armée particulières : « Gott mît uns » ou :

עמנאל

(« Dieu avec nous ») qui devient

EMMANUEL

Voici cette fin prodigieuse du chapitre 2:

« Entre la vie scientifique et la vie religieuse doit-il y avoir séparation radicale, dualité de rythme et d’orientation ? La religion conserve-t-elle encore un sens si elle se fait à son tour inhumaine, si elle refuse la consolation que dès le lointain des âges le sentiment a puisée dans l’espérance et dans la promesse de l’au-delà ? Ou n’est-ce pas la tâche qui apparaît héroïque et pieuse par excellence, de dépouiller le vieil homme, et, quoi qu’il en coûte à notre amour-propre, de déborder les limites mesquines de la chronologie mosaïque ou de l’horizon géocentrique pour substituer au Dieu du réalisme physique ou biologique le Dieu de l’intelligence et de la vérité ? »
Or le chapitre 3 commence par une mise en perspective de la troisième opposition fondamentale avec les deux premières:

« L’antithèse des manières selon lesquelles l’homme se représente l’univers ou avant ou après la science positive nous renvoie aux conclusions que laissait entrevoir l’analyse des manières selon lesquelles le moi se conçoit lui-même, ou comme sujet personnel, dominé et limité par les conditions de la vie organique, par les perspectives de l’ordre social, ou comme sujet spirituel, capable de tout le développement que comportent l’infinité et l’universalité d’une raison désintéressée. L’alternative commande à son tour la façon dont nous allons aborder pour lui-même le problème de la religion, le plan de conscience, comme nous avons dit, auquel se rapportera notre tentative pour conquérir Dieu. »

A la question posée à la fin du chapitre 2:
« Entre la vie scientifique et la vie religieuse doit-il y avoir séparation radicale, dualité de rythme et d’orientatioN? »

il faut répondre avec force non, puisque l’émergence de la science impulse un déplacement dans l’axe de la vie religieuse.
Mais tout dépend là aussi du

plan de conscience

à partir duquel on aborde le problème religieux: a t’on dépouille de vieil homme, ou bien à t’on été incapable de renoncer à « la consolation que dès le lointain des âges le sentiment a puisée dans l’espérance et dans la promesse de l’au-delà »?

Car nombreux sont les « croyants » qui justement en appellent à une religion et une science qui marcheraient « main dans la main »!
Ce qu’ils entendent par là, c’est que la science se plierait aux exigences des religions « consolatrices » et « collaborerait » avec elles.

Seulement comment cela serait il possible puisque la science, qui est de par son essence même vérifiable mais aussi donc réfutable, peut toujours en cas de nouvelles observations envoyer promener ses constructions même les plus récentes ?
Le changement d’axe de la vie religieuse ne vient d’une nouvelle théorie : il vient d’un changement total et d’une conversion complète de la mentalité humaine qui amène justement à l’attitude vraiment religieuse comme il est dit dans la suite du chapitre 3:

« L’homme religieux, au sens plein du mot, c’est celui qui accepte courageusement de se confronter à son passé, de rompre avec le préjugé du sacré comme avec le « respect humain » si tel est l’impératif de sa conscience. Son parti est pris de naviguer libre sur la mer libre, sans se préoccuper de revenir au port d’attache, sans même savoir s’il existe ailleurs des havres de grâce préparés pour accueillir et pour réconforter le voyageur fatigué. En d’autres termes, Dieu ne nous est pas donné tout fait. C’est un bien véritable, que nous devrons gagner à la sueur de notre front, non seulement dans la réalité de son existence, mais dans l’essence de sa divinité. »

NON, Dieu ne nous est pas donné tout fait, comme il arrive dans les paquets cadeaux des religions : il vous suffit d’accepter les dogmes et les commandements infâmes de l’Islam par exemple, et Allah vous est donné par surcroît, et avec lui les « récompenses dans l’au delà » pour ceux qui acceptent de courber l’échine.

Seulement la liberté de conscience est intraitable et incorruptible : si c’est oui c’est oui, si c’est non c’est non.
Et pour ce qui en est de celui qui écrit cet article :

C’est non

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